Victor Hugo
Biographie
1802 - 1885
1772
Naissance de Sophie Trébuchet (Mère de Victor Hugo)
1773
Naissance de Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo (Père de Victor Hugo)
1797
Mariage à Paris de Léopold et Sophie
1798
Naissance de Abel Hugo (Frère ainé de Victor Hugo)
1800
Naissance de Eugène Hugo (Second fils de Léopold et Sophie)
1802
Naissance de Victor Hugo à Besançon (26 février).
Son parrain est le général Victor Fanneau de Lahorie, ami de Léopold, et amant de Sophie.
En avril Léopold est muté à Marseille.
1803
Naissance de Adèle Foucher.
Léopold emmène ses trois fils en Corse puis à l'île d'Elbe où Sophie les rejoint.
1804
Sophie et ses fils rentrent à Paris, rue Neuve des Petits Champs, c'est là qu'elle cache chez elle Lahorie, traqué par la police.
1806
Naissance de Julienne Gauvain, future Juliette Drouet.
Léopold, participant à la conquête du royaume de Naples, fait arrêter Fra Diavolo.
1807
Léopold est nommé commandant militaire de la province d'Avellino, près de Naples.
1808
Sophie et ses enfants retrouvent Léopold à Naples. Ce dernier suit le roi Joseph en Espagne.
1809
Sophie et ses enfants rentrent à Paris, rue de Clichy, puis rue Saint Jacques et enfin impasse des Feuillantines où Lahorie se cache.
Victor suit les leçons du Père La Rivière (jusqu'en 1815).
Jeux avec Adèle Foucher.
1810
Léopold est fait Comte de Sigüenza et nommé gouverneur de plusieurs provinces en Espagne.
Arrestation de Lahorie aux Feuillantines.
1811
Sophie et ses enfants rejoignent Léopold à Madrid. Ils traversent les villes d'Ernani et de Torquemada. Installation dans le palais Masserano à Madrid. Eugène et Victor sont internes au collège des Nobles.
1812
Sophie, Eugène et Victor rentrent aux Feuillantines. Abel est resté avec son père pour devenir officier.
Lahorie, qui avait participé à la conspiration royaliste du général Malet, est fusillé.
1813
Sophie s'installe avec ses enfants rue des Vieilles Tuileries (actuelle rue du Cherche Midi).
1814
Le général Hugo défend Thionville.
Les époux demandent la séparation.
1815
Eugène et Victor, enlevés à leur mère, sont internes à la pension Cordier (jusqu'en 1818). Victor commence ses "Cahiers de vers français".
1816
Victor rédige "La France en Deuil", "Le Déluge" et "Irtamène" tragédie en cinq actes. Il suit des cours au lycée Louis le Grand.
1817
Victor obtient une mention au concours de l'Académie Française pour le poème "Du bonheur que procure l'étude dans toutes les situations de la vie". Son nom paraît pour la première fois dans la presse.
Il commence l'écriture d"Athélie" (tragédie) et écrit "A.Q.C.H.E.B" (A quelque chose hasard est bon, vaudeville).
1818
Jugement définitif de séparation de Léopold et Sophie à qui sont confiés les enfants. Victor et Eugène quittent la pension Cordier pour habiter chez leur mère, rue des Petits Augustins (actuelle rue Bonaparte).
Inscription à la faculté de Droit.
Première rédaction de "Bug Jargal".
1819
Obtention du Lys d'Or à l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse pour l'ode sur "Le Rétablissement de la statue de Henri IV".
Fiançailles secrètes avec Adèle Foucher.
Fondation du Conservateur Littéraire qui paraîtra jusqu'en 1821.
1820
Gratification royale pour l'ode sur "La Mort du Duc de Berry".
Correspondance secrète entre Victor et Adèle. Rupture des familles Hugo et Foucher.
Madame Hugo et ses enfants s'installent rue de Mézières.
Ode sur "La Naissance du Duc de Bordeaux".
1821
Victor commence la rédaction de "Han d'Islande" (publié en 1823).
Mort de Sophie Hugo (mère de Victor).
Fiançailles officielles de Victor et Adèle.
Relations avec Lamenais.
Remariage du général Hugo avec Catherine Thomas.
1822
Victor s'installe rue du Dragon. Séjours à Gentilly chez les Foucher.
Obtention d'une Pension Royale annuelle de 1200 F à la suite de la publication des "Odes et poésies diverses".
Mariage de Victor et Adèle en l'eglise de Saint Sulpice à Paris.
Le ménage habite chez les Foucher dans l'hôtel de Toulouse, 39 rue du Cherche Midi.
Aggravation de l'état mental d'Eugène.
1823
Victor se rapproche de son père.
Internement d'Eugène.
Début de La Muse Française (cette revue disparaîtra en 1824).
Naissance d'un fils, Léopold - Victor, qui vivra moins de trois mois.
1824
Publication des " Nouvelles Odes".
Installation 90 rue de Vaugirard.
Naissance de Léopoldine.
1825
Victor est nommé chevalier de la Légion d'honneur en même temps que Lamartine.
Séjour à Blois chez le général Hugo.
Voyage à Reims pour le sacre de Charles X. Ode sur "le Sacre de Charles X".
Voyage dans les Alpes avec Adèle; Léopoldine et Nodier. Halte à Saint Point chez Lamartine.
1826
Publication de la deuxième version de "Bug Jargal" et des "Odes et Ballades".
Naissance de Charles.
Naissance de Claire Pradier, fille de Juliette Drouet.
1827
Début de l'amitié avec Sainte Beuve.
Publication de l'ode "A la colonne de la place Vendôme", de "Cromwell" et de sa "Préface".
Installation 11 rue Notre Dame des Champs.
Mort de Mme Foucher, mère d'Adèle.
Mariage d'Abel Hugo et de Julie Duvidal de Montferrier.
1828
Mort du général Hugo.
Echec d' "Amy Robsart" au théâtre de l'Odéon.
Naissance de François Victor.
Sainte Beuve s'installe au 19 rue Notre Dame des Champs.
1829
Publication des "Orientales", du "Dernier jour d'un condamné".
Interdiction de "Marion Delorme".
1830
Représentation d' "Hernani".
Altération des rapports entre Sainte Beuve et Victor Hugo.
Installation 9 rue Jean Goujon.
Naissance de Adèle.
1831
Publication de "Notre Dame de Paris" et des "Feuilles d'Automne" .
Première publication de Marion Delorme.
1832
Installation 6 place des Vosges.
Première du "Roi s'amuse". Interdiction de la pièce, mais l'oeuvre est publiée.
1833
Représentation de "Lucrèce Borgia" et de "Marie Tudor".
Début de la liaison entre Victor Hugo et Juliette Drouet.
1834
Publication de "L'Etude sur Mirabeau", "Littérature et philosophie mêlées ", "Claude Gueux".
Premiers voyages avec Juliette.
Séjour en famille chez les Bertin, aux Roches à Bièvres, Juliette est au hameau des Metz.
1835
Représentation d' "Angelo, Tyran de Padoue". Publication des "Chants du Crépuscule".
Voyage avec Juliette en Normandie et en Picardie.
Nouveau séjour de la famille à Bièvres, Juliette aux Metz.
1836
Rencontre avec Auguste Vacquerie.
Echecs à l'élection de l'Académie Française.
Séjour de la famille à Fourqueux.
Voyage avec Juliette et Célestin Nanteuil en Bretagne et en Normandie.
Première communion de Léopoldine à Fourqueux.
Echec à l'Opéra de "La Esmeralda" (livret de Victor Hugo, musique de Louise Bertin).
1837
Mort d'Eugène Hugo.
Publication des "Voix intérieures".
Victor Hugo promu officier de la Légion d'honneur.
Voyage avec Juliette en Belgique et en Normandie.
1838
Voyage avec Juliette en Champagne.
Représentation de "Ruy Blas".
1839
Rédaction interrompue des "Jumeaux".
Séjour d'Adèle et de ses enfants à Villequier chez les Vacquerie.
Rencontre de Charles Vacquerie et de Léopoldine Hugo.
Voyage avec Juliette en Alsace, Suisse, Provence et Bourgogne.
Echec à l'Académie.
1840
Nouvel échec à l'Académie.
Publication des "Rayons et des Ombres".
Voyage avevc Juliette dans la vallée du Rhin.
Publication du poème "Le retour de l'Empereur".
1841
Election à l'Académie Française au fauteuil de Népomucène Lemercier.
Discours de réception de portée politique.
1842
Publication du Rhin.
1843
Mariage de Léopoldine et Charles Vacquerie.
Echec et publication des "Burgraves".
Séjour de Mme Hugo au Havre.
Voyage avec Juliette en Espagne et dans les Pyrenées.
Mort de Léopoldine et de Charles Vacquerie, noyés dans la Seine le 4 septembre.
1845
Hugo nommé Pair de France.
Flagrant délit d'adultère avec Léonie Biard.
Début de la rédaction des "Misères", qui deviendront "Les Misérables".
1846
Discours à la Chambre des Pairs.
Mort de Claire Pradier.
1847
Discours tendant à autoriser la famille Bonaparte à rentrer en France.
1848
Hugo est élu député de Paris à la Constituante.
Discours sur les ateliers nationaux.
Hugo est nommé par la constituante commissaire pour rétablir l'ordre parmi les insurgés. Son appartement de la place des Vosges est envahi.
Installation 5 rue d'Isly, puis 37 rue de la Tour d'Auvergne.
Création de l'Evénement, dirigé par ses fils, Auguste Vacquerie et Paul Meurice , soutenant la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République.
Discours sur la liberté de la presse.
1849
Hugo est élu député de Paris à L'Assemblée législative. Discours sur la misère.
Président du Congrès de la Paix.
Voyage avec Juliette en Normandie.
Discours sur l'expédition de Rome.
1850
Discours sur la liberté de l'enseignement.
Discours sur le suffrage universel.
1851
Hugo défend son fils Charles poursuivi à la suite d'un article contre la peine de mort publié dans l'Evénement. François Victor, Paul Meurice et Auguste Vacquerie sont à leur tour emprisonnés.
Résistance de Victor Hugo au coup d'Etat du 2 décembre.
Départ pour Bruxelles, première étape de l'exil.
1852
Un décret expulse Hugo de France. Vente du mobilier à Paris.
Publication de "Napoléon le Petit" à Bruxelles.
Départ pour Jersey. Installation à Marine Terrace.
1853
Charles se passionne pour la photographie.
Initiation aux tables tournantes.
Publication des "Châtiments".
1854
Exécution de Tapner à Guernesey.
Lettre à Lord Palmerston contre la peine de mort.
Hugo compose certaines parties de "La Fin de Satan" (publié en 1886).
1855
Mort d'Abel Hugo.
Hugo compose en partie "Dieu" (publié en 1891).
Expulsion de Jersey.
Arrivée à Guernesey.
1856
Publication des "Contemplations".
Achat de Hauteville House.
Adèle, fille de Hugo, en proie à une dépression nerveuse.
1857
Contrat avec Hetzel pour la publication des "Petites Epopées" (qui deviendront "La Légende des Siècles").
Installation de Juliette Drouet à La Fallue.
1858
Rédaction de "La Pitié Suprême" et de "l'Ane" (publiés en 1879 et 1880).
1859
Refus de l'amnistie décrétée par Napoléon III.
Publication de "La Légende des Siècles".
Intervention en faveur de John Brown condamné à mort.
1860
Reprise du manuscrit des "Misérables" (abandonné depuis 1848).
1861
Séjour en Belgique avec Juliette. Visite de Waterloo. Voyage en Hollande.
Achèvement des "Misérables".
1862
Publication de "Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie" par Madame Victor Hugo.
Fuite d'Adèle au Canada.
Voyage avec Juliette en Belgique et en Allemagne.
1864
Publication de "William Shakespeare".
Installation de Juliette à Hauteville Fairy.
Voyage avec Juliette dans les Ardennes et en Rhénanie.
1865
Séjour à Bruxelles. Voyage en Allemagne.
Mariage de Charles et d'Alice Lehaene.
Publication des "Chansons des rues et des bois".
1866
Rédaction de "Mille francs de récompense".
Publication des "Travailleurs de la mer".
Séjour à Bruxelles.
1867
Naissance de Georges, fils de Charles, qui ne vivra qu'un an.
Rédaction de "Mangeront-ils ?". Publication de "Paris Guide" (dont Victor Hugo a écrit l'introduction).
Reprise d' "Hernani" au Théatre Français.
Voyage en Zélande.
Publication de "La Voix de Guernesey".
1868
Naissance de Georges, second fils de Charles.
Mort de Mme Hugo à Bruxelles.
1869
Publication de "L'homme qui rit".
Fondation du Rappel à Paris par les fils de Victor Hugo.
Rédaction de "Torquemada".
Présidence du Congrès de la Paix à Lausanne.
Naissance de Jeanne, fille de Charles.
1870
Plantation du chêne des Etats-Unis d'Europe dans le jardin de Hauteville House.
Retour en France (5 septembre). Installation chez Paul Meurice, avenue Frochot.
Première édition française des "Châtiments".
1871
Elu député de Paris, Hugo rejoint l'Assemblée à Bordeaux mais démissionne un mois après.
Mort de Charles.
Séjour à Bruxelles, puis à Vianden au Luxembourg.
Installation à Paris, 66 rue de la Rochefoucauld.
1872
Retour d'Adèle de la Barbade et internement à Saint Mandé.
Reprise de "Ruy Blas" à l'Odéon.
Publication de "l'Année Terrible".
Départ à Guernesey pour un séjour d'un an.
1873
Installation 55 rue Pigalle.
Mort de François Victor.
1874
Publication de "Quatre-vingt-treize".
Installation 21 rue de Clichy.
Publication de "Mes Fils".
1875
Séjour d'une semaine à Guernesey.
Publication d'"Actes et Paroles" I et II (avant l'exil, Pendant l'exil).
1876
Hugo est élu sénateur. Intervention en faveur de l'amnistie des communards.
Publication d' "Actes et Paroles" III (Depuis l'exil).
1877
Publication de la 2ème série d e "La Légende des Siecles"
Remariage d'Alice Hugo avec Edouard Lockroy.
Publication de "L'Art d'être Grand Père" et de "L'Histoire d'un Crime" (1ère partie).
1878
Publication de "L'Histoire d'un Crime (2ème partie) et du "Pape".
Congestion cérébrale.
Séjour de quatre mois à Guernesey.
Installation 130 rue d'Eylau.
1879
Publication de "La Pitié Suprême".
Discours au Sénat pour l'amnistie des communards.
Séjour à Veules les Roses et à Villequier.
1880
Publication de "Religions et religion" et de "L'Ane".
1881
Manifestation du peuple de Paris en l'honneur de l'entrée de Victor Hugo dans sa 80ème année.
Publication des "Quatres Vents de l'esprit".
Testament de Victor Hugo.
1882
Publication de "Torquemada".
Séjour à Veules Les Roses.
1883
Mort de Juliette Drouet, après 50 ans et trois mois de liaison.
Publication de la 3ème série de "La Légende des Siècles".
Codicille au testament.
Publication de "L'Archipel de la Manche".
1884
Voyage en Suisse.
1885
Dernière ligne écrite par Victor Hugo (le 12 mai).
Congestion pulmonaire (le 14 mai).
Mort de Victor Hugo (le 22 mai) .
Funérailles nationales. Veillée sous l'Arc de Triomphe par une foule immense. Des délégations de tous les pays d'Europe suivent le cercueil jusqu'au Panthéon, où Hugo est inhumé.
Personnages clefs de la vie de Victor Hugo
II 2 1 - Sophie Trébuchet
II 2 2 - Joseph Léopold Sigisbert Hugo
II 2 3 - Abel Hugo
II 2 4 - Eugène Hugo
II 2 5 - Victor Fanneau de Lahorie
II 2 6 - Adèle Foucher
II 2 7 - Juliette Drouet
II 2 8 - Les Feuillantines
II 2 9 - Léopoldine Hugo
II 2 10 - Charles Hugo
II 2 11 - Charles Augustin de Sainte Beuve
II 2 12 - Julie Duvidal de Montferrier
II 2 13 - François Victor Hugo
II 2 14 - Adèle Hugo
II 2 15 - Auguste Vacquerie
II 2 16 - Charles Vacquerie
II 2 17 - Léonie Biard
II 2 18 - Paul Meurice
II 2 19 - Louis Napoléon Bonaparte
Sophie Trébuchet
Mère de Victor Hugo.
Originaire de Nantes, elle perdit sa mère en 1780 et son père en 1783. Elle fut élevée par son grand-père et une tante, qui viendront habiter Châteaubriant en 1794, c'est là qu'elle rencontre en 1796 Léopold Hugo.
Venue à Paris, elle l'épouse le 15 novembre 1797 ; mariage purement civil. Trois fils naîtront, Abel en 1798, Eugène en 1800 et Victor en 1802.
La mésentente s'installera vite dans le ménage. La liaison de Sophie Hugo et du général Lahorie semble dater de 1802 ; le général Hugo n'en aura la révélation qu'en 1811. D'autre part, la liaison du général Hugo avec Catherine Thomas date de 1803, et ne sera pas longtemps ignorée de sa femme. Les reproches, les disputes, enfin le procès, empoisonneront le ménage jusqu'aux séparations judiciaires de 1815, puis de 1818. Outre les causes susdites, la mésentente provient du caractère violent de Léopold, comme du caractère entier de Sophie.
On a longtemps discuté de ses opinions politiques et religieuses ; il semble aujourd'hui qu'elle fut beaucoup plus républicaine que royaliste dans sa jeunesse, et en tout cas, absolument voltairienne de pensée. Elle n'a jamais évolué vers le catholicisme, mais politiquement, est passée, comme tout le reste de sa famille, du républicanisme au royalisme. C'est ce qui permet à Hugo, avec quelques abus, de parler de sa "mère vendéenne". Elle eut sur ses fils, surtout sur Eugène et Victor, une autorité absolue à partir de 1817 ; impérieuse, volontaire, tenace dans ses vues, elle leur imposa une stricte discipline morale et matérielle. Cette autorité n'a en rien nui à l'affection profonde que lui portaient ses fils. Victor, en particulier, ne cessera de la louer et d'exprimer son amour, puis son souvenir ému et reconnaissant. Nul doute qu'elle n'ait cru aux dons prodigieux de son fils cadet et qu'elle ne l'ait encouragé dans la voie de la littérature.
Joseph Léopold Sigisbert Hugo
Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773 - 1828).
Père de Victor Hugo.
Fils d'un menuisier, Joseph Hugo est né à Nancy. Engagé volontaire dans l'armée en 1789, il devint général à trente-six ans. Il participe à la guerre de Vendée, son unité est basée à Châteaubriant, c'est là qu'en 1796 il rencontre Sophie Trébuchet qui deviendra sa femme.
Nommé en juin 1797 capitaine rapporteur près du Ier Conseil de Guerre à Paris, il a pour greffier Pierre Foucher, qui deviendra le beau-père de son fils Victor. Il épouse civilement le 15 novembre 1797 Sophie venue le rejoindre à Paris. Un premier fils, Abel, naît un an plus tard. Un second fils, Eugène, naît en septembre 1800. Nommé commandant de la place de Lunéville, il se fait remarquer par Joseph Bonaparte, qui deviendra son protecteur. En garnison à Besançon, naît un troisieme fils, Victor.
Muté à Marseille, il s'y rend avec sa famille. Mais il y voit une sorte de disgrâce, qui s'explique par ses idées républicaines et son amitié avec le général Lahorie et Moreau. Muté à Bastia, il s'y installe avec ses trois fils, tandis que sa femme est partie pour Paris où elle retrouve Lahorie, qui est son amant. Muté à l'île d'Elbe, il s'y installe avec ses fils et y rencontre Catherine Thomas, qui devient sa maîtresse, puis sera sa seconde femme. Séparé de sa femme depuis novembre 1802, il la rappelle, s'engageant à se séparer de Catherine Thomas, mais Sophie refuse de rejoindre son mari, et la rupture entre les époux s'affirme.
En 1806 il participe à la conquête du royaume de Naples ; la victoire acquise, Joseph Bonaparte devient Roi et Hugo récompensé. En 1808, il suit Joseph Bonaparte, nommé roi d'Espagne. En 1810 il est fait Comte de Sigüenza et gouverneur de plusieurs provinces espagnoles. En 1811 il est nommé commandant de la place de Madrid, puis en 1813 premier aide de camp du roi. Pendant ce temps Sophie vient avec ses enfants en Espagne, mais Léopold apprend sa relation avec Lahorie dépose une demande de divorce, arrache les enfants à leur mère et les met en pension dans un collège. Après la déroute de l'armée française, il rentre en France.
Mis en demi-solde, le général Hugo s'installe à Paris ; une violente dispute sépare définitivement les époux en février 1815, le lendemain il est nommé officier de la Légion d'honneur. Après les Cent Jours et la chute de Napoléon, il va vivre désormais à Blois avec sa maîtresse. Persuadé que ses fils, qui vivent en pension, mais qui voient leur mère, sont soumis à son influence, il rompt tout contact avec eux. En février 1818, un jugement définitif consacre la séparation de corps des époux et confie les enfants à leur mère.
Le 6 septembre 1821, Léopold devenu veuf, épouse sa compagne, et ses fils auront désormais avec leur père de bons rapports. Il consent au mariage du jeune poète (mariage que Sophie avait toujours refusé), rédige et envoie la demande officielle, aplanit la difficulté concernant l'absence de baptême, vient à Paris faire la connaissance de sa belle-fille, recueille Eugène, qui a déjà perdu la raison, accueille le premier enfant de Victor, Léopold, et, avec sa femme, l'entoure de soins, sans pouvoir le sauver, reçoit chez lui Victor, sa femme et leur fille Léopoldine (avril 1825) et vient séjourner à Paris auprès de Victor (janvier 1827). Il mourra à Paris, dans son domicile, rue Plumet, le 29 janvier 1828, d'une apoplexie foudroyante. Il est enterré au Père Lachaise. Hugo a maintes fois rappelé son souvenir ; il a évoqué beaucoup de ses traits dans le colonnel Pontmercy, des Misérables.
Abel Hugo
Abel Hugo (1798 - 1855).
Frère aîné de Victor Hugo.
Fils aîné du général Joseph Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet, il est né en 1798, un an après le mariage de ses parents. Comme ses frères cadets Eugène et Victor, il manifestera très tôt des goûts littéraires ; cependant de quatre ans l'aîné de ce dernier, il eut avec lui des rapports moins constants qu' Eugène, la vie et les études les ayant séparés assez vite. Abel a déjà de nombreuses relations littéraires et mondaines quand Victor est encore un collégien. D'ailleurs, peu après le mariage de Victor et celui d'Abel avec Julie Duvidal de Montferrier (20 décembre 1827), les relations s'espacent entre les deux ménages, et, sans cesser tout à fait, deviendront très rares.
Abel mourut en 1855, il avait eu deux fils, Léopold et Jules. C'est par lui que Victor était entré dans la Société des Bonnes Lettres ; c'est avec lui que Victor et Eugène fondent le Conservateur Littéraire, où Abel publiera huit nouvelles. On doit à Abel nombre d'opuscules traitant des matières les plus diverses, mais ses oeuvres maîtresses sont de vastes compilations : Histoire générale de la France par les manuscrits ( 5 volumes : 1836 - 1843), France Militaire de 1792 à 1837 (5 volumes : 1838) France pittoresque (par départements, 3 volumes : 1835).
Eugène Hugo
Eugène Hugo (1800 - 1837).
Frère de Victor Hugo.
Deuxième fils du général Joseph Léopold Hugo et de Sophie Trébuchet, il est né le 16 septembre1800, il est de seize mois l'aîné de Victor. Cette proximité d'âge maintint entre les deux frères une grande intimité, la vie ne les a séparés que le jour du mariage de Victor. Les études et la vie de famille, malgré la désorganisation due à la mésentente des parents, les ont toujours maintenus étroitement unis ; les goûts littéraires aussi, une égale précocité et des dons comparables les faisant à la fois collaborateurs et rivaux.
Il n'est pas douteux que deux éléments ont contribué à faire éclore la démence chez Eugène : une certaine jalousie devant les succès littéraires du cadet, un amour secret pour celle qui devint la fiancée puis la femme de Victor. Bien des signes, depuis qu'il avait atteint l'âge de dix-huit ans, avaient inquiété son entourage concernant son équilibre nerveux et mental ; mais la première grande crise éclata le jour même du mariage de Victor et Adèle. Eugène avait déjà fait une fugue, au cours de laquelle il avait été arrêté (avril 1822). Il est interné en décembre, puis repris par son père ; mais une scène de violence oblige ce dernier à l'interner de nouveau, en juin 1823 il est définitivement interné à Charenton. Il ne pourra recevoir de visites. Il mourra en 1837 sans avoir recouvré la raison.
Ses oeuvres littéraires sont importantes, toutes écrites entre dix sept et vingt trois ans. Elles révelent chez lui une imagination et une sensibilité toutes romantiques et décelent un comportement cérébral dont les anomalies ne sont pas sans annoncer celle de Gérard de Nerval.
Victor Fanneau de Lahorie
Victor Fanneau de Lahorie (1766 - 1812).
Parrain de Victor Hugo.
Officier français qui devint l'ami de Joseph Léopold Hugo, père de Victor, en 1792 à l'armée du Rhin. C'est grâce à lui que Joseph Léopold est adjoint à l'état-major de cette armée en 1800. Nommé général de brigade en août de cette même année, il sera un des négociateurs de la paix de Lunéville. Son amitié pour Moreau le rendant suspect au Premier Consul, il est mis en non-activité en septembre 1801.
A la demande de Madame Hugo, dont il deviendra vite l'amant, il accepte d'être le parrain de Victor hors de tout baptême. Installé à Paris, il verra constamment Madame Hugo lorqu'elle y viendra, en novembre 1802, pour solliciter de l'avancement pour son mari. Moreau étant arrêté le 15 février 1804, Lahorie est traqué par la police. Sophie Hugo le cache, tandis qu'en haut lieu on imagine que son mari est au courant, ce qui fait échouer toute promotion pour Joseph Léopold, au grand étonnement de celui-ci, qui ignore les relations de sa femme avec Lahorie. Sophie Hugo ayant quitté Paris pour rejoindre Joseph Léopold à Naples, Lahorie se cache en Normandie. Lorsque Sophie vient s'installer aux Feuillantines en juin 1809, elle cache Lahorie dans une maison sise au fond du jardin ; celui-ci prend le nom de Monsieur de Courlandais et s'occupe des études de Victor.
Quand Savary, un ancien camarade, est nommé ministre de la Police, Lahorie lui adresse une longue supplique ; il ne recevra pas de réponse, mais le ministre rassurera un ami du général venu aux nouvelles (décembre 1810). Dès lors, Lahorie quitte sa retraite pour aller rendre visite à Savary (29 décembre) ; mais il a été suivi à la sortie du ministère, et sa retraite est découverte ; il est arrêté, emprisonné et mis au secret.
C'est alors seulement que Sophie et ses enfants vont rejoindre Joseph Léopold à Madrid. En juillet 1811, Lahorie a bon espoir de pouvoir reprendre du service. Le 1er octobre de cette année, Joseph Léopold découvre la liaison de sa femme. Celle-ci revenue aux Feuillantines, entre dans la conspiration royaliste du général Malet et y entraîne Lahorie, qui s'évade, arrête Savary, mais est arrêté lui même et , avec Malet et ses complices, passe devant le Conseil de Guerre, qui le condamne à mort. Il est fusillé le 29 octobre 1812.
Madame Hugo conduit ses enfants devant l'affiche blanche annonçant l'exécution et leur dit : "N'oubliez jamais." Les convictions royalistes du jeune Hugo seront liées, en partie, à l'événement ; mais celui-ci ne fera jamais aucune allusion à la liaison de sa mère, qu'il ne pouvait ignorer.
Adèle Foucher
Adèle Foucher Hugo (1803 - 1868).
Femme de Victor Hugo.
Née le 27 septembre 1803, elle connut celui qui devait devenir son mari en 1809 aux Feuillantines, où elle participait avec son frère aux jeux des trois fils Hugo. Victor avait alors sept ans. Leur camaraderie se poursuit en 1812, lors du retour de Madame Hugo aux Feuillantines, après leur séjour en Espagne, avec Eugène et Victor, puis Abel. Le père d'Adèle, Pierre Foucher était un ami de Joseph Léopold Hugo. Les relations enfantines entre Victor et Adèle s'espacent de 1813 à 1817, Victor étant la plupart du temps pensionnaire.
Le 26 avril 1819, Victor et Adèle s'avouent leur amour, Victor a déjà obtenu une manière de célébrité, mais Adèle est restée, comme elle le restera presque toujours, très en dehors de cette activité littéraire. Victor commence en janvier 1820 une longue correspondance avec celle qu'il considère comme sa fiancée (correspondance publiée sous le titre : Lettres à la Fiancée) ; celle-ci lui écrira, pendant le même temps, des billets relativement peu nombreux, à l'insu de sa mère le plus souvent. Leur correspondance fut interrompue d'avril 1820 à mars 1821 : les amoureux etant séparés par la volonté de la famille Foucher, comme par celle de Madame Hugo. mais à cette dernière date, ils peuvent recommencer à s'écrire, et à se voir en cachette.
Victor se plaint constamment, dans ses lettres, de la froideur d'Adèle, de sa passivité, qui contraste avec les élans, respectueux d'ailleurs, de sa passion à lui. Adèle, cependant, veut courageusement un avenir commun, malgré l'hostilité évidente de Madame Hugo et la brouille qui s'est instaurée entre les Foucher et celle-ci, après une durable intimité. Mais Madame Hugo meurt le 27 juin 1821. Adèle et Victor se fiancent alors solennellement, mais subrepticement. Graduellement, Victor parvient, à force de patience, de courage, de volonté, de dignité et de succès littéraires, à vaincre l'hostilité des Foucher. Le mariage religieux à lieu le 22 octobre 1822 en l'eglise de Saint Sulpice à Paris.
Devenue Madame Victor Hugo, Adèle, un peu effrayée par la gloire naissante de son mari, ne cherchera pas à s'associer à son intense activité intellectuelle. Cinq enfants leur naîtront, de 1823 à 1830. Dans les recueils lyriques publiés par Hugo entre 1822 et 1835, de nombreux poèmes lui seront consacrés. Elle sera une excellente mère, et, au moins, aidera son mari à recevoir ses nombreux amis, gens de lettres, artistes, parfois bohèmes bizarres. Mais l'activité intense du poète et du romancier lui semble tenir trop de place dans sa vie ; petite bourgeoise, élevée dans une famille dépourvue de toute ambition sociale ou intellectuelle, douée seulement pour le dessin (elle a pris des leçons avec Mademoiselle Julie Duvidal de Montferrier, qui devait devenir la femme de son beau-frère Abel), elle est déconcertée par la vie trépidante de Victor, que son activité appelle constamment au-dehors.
Cela explique qu'elle ait accueilli favorablement les hommages de Sainte-Beuve, qui par admiration éperdue pour le poète, était devenu un intime de la famille. Laid, cauteleux, psychologue habile, il su conquérir le coeur, puis les sens, de la femme isolée. Une intrigue s'ensuivit, lettres secrètes, rencontres mystérieuses, rendez-vous clandestins, et, de sa part à lui, poèmes sensibles et mélancoliques. Quelle a été la nature exacte de leurs relations ? On ne saurait le dire précisémment, car tous deux sont restés d'une exemplaire discrétion. Mais il est sûr qu'après la naissance d'Adèle, tous rapports physiques ont cessé entre Madame Hugo et son mari. Après quelques années où Sainte Beuve connut toutes les souffrances d'un amour semé d'obstacles, et d'un caractère incapable de s'engager à fond dans une aventure, celui-ci, peu à peu déçu par celle qu'il avait tant aimée, et incapable de lutter contre le prestige du mari, qu'il finit par détester, en arrive à renoncer ; il a découvert en Madame Hugo "une stupide crédulité qui lui a donné la mesure d'une intelligence que l'amour n'éclaire plus" (lettre à Guttinguer en 1837).
Adèle n'ignorera pas les aventures sentimentales de son mari. Elle sera indulgente et compréhensive, soucieuse surtout de ne pas le voir s'engager dans des dépenses exagérées qui l'empêcheraient de tenir son rang. Quand elle apprendra la liaison de Victor avec Léonie Biard, elle donnera toute sa sympathie à celle-ci, qui aura su momentanément détacher Hugo de sa maîtresse en titre, Juliette Drouet. Mais en 1867, elle recevra celle-ci chez elle à Hauteville House. Pendant l'exil, elle fera de fréquents séjours à Bruxelles, à Jersey, à Guernesey, mais aussi à Paris, où elle aura parfois à veiller sur les intérêts littéraires et financiers de son mari. Le sort de sa fille Adèle la préoccupera beaucoup, après qu'en 1843 elle eut reçu le coup terrible de la mort de Léopoldine. Elle mourra à Bruxelles le 27 août 1868, et sera enterrée à Villequier, auprès de Léopoldine.